https://www.lameuse.be/659451/article/2020-10-05/une-nouvelle-production-de-larlonais-arker-parlons-... Lambert, d’Arlon, désormais producteur à Bruxelles. - D.R.A la production de ce single, on retrouve Arker. Il nous raconte sa rencontre avec Jeff Arkcley et les débuts d’Ekho. Un pur produit arlonais revendiqué à 100 %.Dans quelles circonstances avez-vous rencontré Jeff Arckley ?Cela remonte à son passage dans The Voice. Il n’y avait pas beaucoup de participants de la région d’Arlon donc forcément j’avais entendu parler de lui. En début de cette année, j’étais curieux de savoir ce qui se passait au niveau de la région. On a repris contact et par le plus grand des hasards, il cherchait un studio d’enregistrement pour enregistrer avec son groupe, Jeff Arckley. Il m’a fait écouter ses nouvelles démos, certes imparfaites, mais le feeling est bien passé entre nous et on a décidé de travailler ensemble. Si je n’aime pas le projet, je ne le fais pas car mon nom va y être associé. Aujourd’hui, j’ai le luxe de choisir mes collaborations.Pourquoi travailler avec lui ?Cela m’intéresse de donner un petit coup de pouce aux artistes de la région car j’y suis attaché. Quand j’ai commencé il y a 20 ans, en étant à Arlon, c’était compliqué. Il n’y avait pas de professionnels. Tout se passait à Bruxelles. On ne savait pas vers qui se tourner pour se lancer dans la musique. C’était le parcours du combattant bien avant Myspace, Facebook, etc. J’allais déposer des petites annonces dans les magasins de musique ou les conservatoires pour trouver des musiciens. Et puis au fil des rencontres, les collaborations se sont développées. Aujourd’hui, même si je continue mes projets en-dehors du pays, j’ai eu envie de revenir à la source et de produire un artiste de la région. Je n’avais plus fait ça depuis Eamonn Tobin, il y a une dizaine d’années. Ce que j’aimais dans le projet d’Ekho, c’était la voix d’Hervé mais je trouvais que l’anglais ne la mettait pas en valeur. Cette pop-rock trop gentille était encore un peu trop amateur. La volonté d’Ekho, c’était de professionnaliser tout ça. Moi, j’ai ajouté beaucoup de son, de claviers. J’ai refait quelques guitares, des percussions. Je voulais colorer son univers, le rendre un peu plus radio mais tout en gardant son ADN. On n’allait pas le transformer en chanteur de hip-hop ou en groupe techno (Rire). Il fallait garder quelque chose qui lui plaise. Je pense qu’on est entre De Palmas et Obispo avec des petites touches de musique électronique.Pourquoi le faire changer de nom ?Il se cachait encore derrière son groupe en début d’année (Rire). C’est toujours compliqué quand on est francophone de chanter en anglais. Il m’a fait confiance et a retravaillé une de ses maquettes en écrivant le texte en français. Je lui ai donné quelques conseils car il y avait encore des choses à améliorer. Puis il y a eu le confinement, moi à Bruxelles, lui à Arlon, on a eu beaucoup d’échange via Skype… (Sourire) Au fur et à mesure du projet, on a commencé à développer le côté artistique et visuel du projet. Cela n’avait plus aucun sens de s’appeler Jeff Arckley en référence à Ben Harper et Jeff Buckley. Les gens ont toujours pensé que Jeff Arckley c’était un chanteur solo alors que lui se cachait derrière la formule groupe… (Rire). Il lui a fallu un peu de temps pour réfléchir à tout ça. Il en a parlé sereinement au reste du groupe. Ses musiciens font toujours partie de l’aventure mais c’est un projet solo avec un chanteur solo qu’on a baptisé Ekho. C’est Hervé (Ekho) en solo qui apparaît dans le clip, sur la pochette.Son look aussi a changé ? Un peu moins policé…Il est très gentil, très poli dans la vie mais quand on se met en scène, il faut un peu d’attitude tout en restant naturel. On n’est pas obligé de s’inventer un personnage comme Lady Gaga. Je lui ai conseillé de réfléchir à un look, une identité où il sent à l’aise et bien dans ses baskets et il a lui-même construit son image. Il se déchaîne un peu plus (Rire) C’est quelqu’un d’assez zen et je voulais le rendre un tout petit peu plus rock’roll.(Rire)Le projet, c’est un album ?À la base, on a collaboré sur 4 chansons pour en faire un EP et puis le Covid-19 est passé par là. On voulait les présenter lors d’une fête dans une salle style l’Entrepôt et on a dû changer nos plans et mettre les concerts sur pause. On veut donc pousser le clip vidéo et le single en radio. Tout va dépendre de la crise sanitaire et si on doit tenir encore quelques mois, on va fonctionner comme une série télé, single par single… (Sourire)À cause du Covid, la radio est vraiment un passage obligé ?Oui les radios sont primordiales. Le web aussi. Youtube va jouer un rôle très important. J’espère que les gens vont apprécier le clip et le partager. A l’heure actuelle, pour des artistes en développement, des artistes émergents comme Ekho, la seule chose importante c’est la visibilité quelle qu’elle soit. En radio, en télé, en presse, sur les réseaux sociaux.La médiatisation locale ne suffit plus… Il faut enclencher la vitesse supérieure ?Oui tout à fait. Il y a une sorte d’embouteillage artistique actuellement sur les radios. Les gens qui ont sorti un album début 2020 ont vu leur promo sacrifiée sur l’autel du Covid et aujourd’hui, ils voudraient promouvoir leurs chansons mais il y a des artistes comme Ekho qui veulent sortir leurs nouvelles chansons. Ce ne sont pas des vieux morceaux, ce sont des chansons toutes fraîches donc tout ça bouchonne un peu. Fin 2020-début 2021, malheureusement, on va assister à cet embouteillage culturel pour tout le monde. Le projet d’Ekho a intérêt à grandir de manière assez organique. Il a déjà une fan-base locale sur Arlon et dans la province du Luxembourg. Il faut fidéliser les gens qui l’apprécient déjà et que le projet grandisse de manière naturelle et peut-être arrive à Bruxelles ou à Paris. C’est bien de jouer la carte régionale car des artistes comme lui à Arlon, il n’y en a pas beaucoup. Cela reste une région plutôt rock voire punck un peu métal. Quelqu’un qui propose une pop avec une petite touche années’80, il sort du lot. A Bruxelles, il aurait eu plus de concurrents. Il assume sans aucun complexe d’être un chanteur arlonais. On offre d’ailleurs le single en primeur à la presse locale. Je trouve toujours dommage qu’on ne parle pas des artistes du coin car il y en a de très bons.Qu’est-ce qui manque à Arlon ? Pourquoi ça coince ? Il y a plein d’artistes qui ne se font pas connaître…C’est un sujet un peu sensible, il manque plusieurs choses mais ce n’est la faute de personne. Certes les structures se sont professionnalisées, à mes débuts, l’Entrepôt était encore une salle assez alternative, il y a des opportunités pour les artistes mais être artiste, c’est une vocation et ça représente énormément de sacrifices. La nouvelle génération d’artistes n’a pas assez faim. Ils sont vite contents, ils ont quelques likes sur Facebook ou Instagram. Le côté glam’ des réseaux sociaux fait rêver les gens. On peut enregistrer un clip vidéo avec un iPhone, le mettre sur Youtube, plus besoin de maison de disques et on a le même canal de distribution que U2. C’est fantastique et effrayant ! Le succès est très virtuel mais c’est comme être riche au Monopoly. C’est général ça, ce n’est pas inhérent à la province. Quand on explique aux jeunes que faire un album, c’est un an de travail à temps plein, que ça représente un budget énorme, que des gens font des emprunts, hypothèquent leurs maisons, se privent de tout, ça en refroidit plus d’un. Beaucoup gardent la musique comme hobby et font le choix d’un « vrai » travail. Le Luxembourg, à côté, n’arrange rien : on fait un graduat en compta et on a un beau salaire… (Sourire) Beaucoup de gens réfléchissent comme ça. On ne peut pas être créatif deux fois par semaine, le mardi et le jeudi soir en revenant du travail. Cela ne marche pas comme ça ! A l’heure actuelle, c’est encore plus compliqué car on ne vend plus de disques, les revenus de Spotify, etc. sont scandaleusement bas. Gagner sa vie, c’est très dur. Les concerts, c’est parfois l’unique source de revenus et là, avec le Covid, c’est très difficile.
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